Le CBD pourrait-il offrir un remède à la sclérose en plaques ?

La sclérose en plaques affecte environ une personne sur 1000, touchant ainsi plus de 2 millions de personnes dans le monde. Malgré les avancées scientifiques, les traitements actuels visant à atténuer ses symptômes ne sont pas entièrement satisfaisants. D’une part, ils sont accompagnés de nombreux effets secondaires, et d’autre part, la maladie reste très invalidante.

Cependant, depuis plusieurs années, de nouvelles perspectives de recherche émergent. Les scientifiques se tournent vers une plante: le cannabis. Naturellement, nous avons souhaité en savoir davantage…

Aujourd’hui, faisons le point sur le potentiel thérapeutique du CBD – et plus généralement des cannabinoïdes – pour la sclérose en plaques.

Qu’est-ce que la sclérose en plaques (SEP) ?

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune chronique qui affecte le système nerveux et la moelle épinière. Elle entraîne la destruction de la myéline, une sorte de gaine protectrice des fibres nerveuses, plus précisément les axones des fibres nerveuses. Sans cette couche protectrice, l’influx nerveux n’est pas correctement transmis, ce qui se traduit par divers symptômes, selon la localisation de la fibre nerveuse affectée.

On parle de sclérose en plaques car la destruction de la myéline entraîne la formation de plaques dans le système nerveux. Ces plaques ont été observées pour la première fois en 1868 par le docteur Jean Martin Charcot. Pour en savoir plus sur cette maladie, vous pouvez consulter le site de la Fondation Charcot.

La maladie commence généralement vers l’âge de 30 ans, par des poussées au cours desquelles les symptômes apparaissent et disparaissent. Au début de la maladie, le sujet peut ressentir un engourdissement des membres, des troubles de la vision, ainsi qu’une fatigue inexpliquée.

Ces épisodes, au cours desquels la myéline se régénère après destruction, provoquent peu à peu des séquelles permanentes, entraînant notamment une paralysie partielle ou permanente, des difficultés d’élocution et des troubles de la mémoire.

La SEP : une maladie encore entourée de mystères

Les causes de la sclérose en plaques (SEP) demeurent encore inexpliquées. À ce jour, les médecins estiment que certaines personnes, en raison de leur génétique et de leurs conditions de vie, sont plus prédisposées à développer la SEP que d’autres. Sans explication claire, les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes. On sait également que les populations vivant près de l’Équateur sont moins sujettes à cette maladie en raison d’un ensoleillement plus important, réduisant ainsi le risque de carence en vitamine D. Cette vitamine jouerait un rôle favorable dans le processus de remyélinisation. En ce qui concerne les traitements, comme mentionné précédemment, ils présentent de nombreuses lacunes, en partie en raison de la variabilité de l’évolution de la maladie chez les patients.

Généralement, des immunomodulateurs tels que les corticoïdes sont prescrits aux patients en cas de poussées et lors d’un diagnostic précoce de la maladie. Comme leur nom l’indique, ces médicaments visent à réguler les réponses du système immunitaire pour ralentir la destruction de la myéline. Cependant, ces traitements s’avèrent souvent insuffisants, amenant les médecins à opter pour des immunosuppresseurs, qui inhibent l’action du système immunitaire.

Les avancées de la recherche et les efforts de la communauté scientifique ont considérablement amélioré la qualité de vie des patients atteints de sclérose en plaques. Bien que la maladie reste très contraignante, elle n’est plus systématiquement associée à l’utilisation d’un fauteuil roulant. Cependant, ces traitements demeurent lourds et entraînent des effets secondaires sérieux.

C’est ici que les cannabinoïdes pourraient potentiellement jouer un rôle.

CBD, THC (& Cie.) et sclérose en plaques : raisons et mécanismes

Qu’est-ce qu’un cannabinoïde ?

Lorsqu’on évoque le THC, on pense souvent au cannabis (et aux effets induits par sa consommation…). Cependant, il ne faut pas réduire la vie à la seule présence de THC ! Ce que nous voulons souligner, c’est que le THC n’est pas la seule substance intéressante que l’on peut trouver dans les fleurs de cannabis…

En réalité, il en existe plus d’une centaine ! Parmi ces substances, appelées cannabinoïdes, on trouve notamment le cannabidiol, abrégé en CBD, dont vous avez probablement déjà entendu parler. On observe une multiplication des boutiques spécialisées dans la vente de produits à base de CBD.

Si le CBD suscite un intérêt médiatique particulier, c’est avant tout parce que la France a enfin reconnu que cette molécule peut circuler librement au sein de l’UE. De plus, les études sur son potentiel thérapeutique sont extrêmement encourageantes.

Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur son intérêt spécifique en ce qui concerne la sclérose en plaques. Toutefois, il est important de noter que le CBD, ainsi que l’ensemble des cannabinoïdes, pourraient considérablement améliorer notre bien-être de manière générale.

Le système endocannabinoïde

Pour comprendre le lien entre le CBD, les cannabinoïdes et la sclérose en plaques, il est essentiel de comprendre ce qu’est le système endocannabinoïde.

Ne vous laissez pas impressionner par ce terme un peu technique, car en réalité, il n’y a rien de très complexe. Le système endocannabinoïde est un système de communication cellulaire, une sorte de réseau Wi-Fi qui permet à nos cellules de dialoguer entre elles. Il n’y a pas de modems ni d’antennes dans notre organisme, mais plutôt des récepteurs cannabinoïdes (CB) et des émetteurs, les cannabinoïdes (THC, CBD, anandamide, etc.).

Ces récepteurs se trouvent dans diverses parties de notre corps, que ce soit au niveau du cerveau, de la moelle épinière, des muscles, des intestins, des poumons, etc.

Pourquoi sont-ils présents ?

Eh bien, le rôle du système endocannabinoïde est de veiller à ce que notre organisme fonctionne dans des conditions optimales, maintenir une homéostasie.

Il est intéressant de noter que tous les animaux, y compris les chiens, possèdent un système endocannabinoïde, et notre organisme produit spontanément des cannabinoïdes tels que l’anandamide et le 2-AG.

Bien que le système endocannabinoïde ait été découvert il y a environ trente ans, les recherches sont encore à un stade préliminaire. Néanmoins, on sait actuellement qu’il agit, entre autres, sur le système nerveux et le système immunitaire.

Il est notable que la sclérose en plaques affecte précisément le fonctionnement de ces deux systèmes…

Les récepteurs CB1 et CB2 : clés d’un traitement potentiel de la sclérose en plaques grâce au CBD ?

Comme évoqué précédemment, le système endocannabinoïde est composé de récepteurs, dont deux types sont actuellement connus :

  • Les récepteurs CB1, présents dans tout le corps mais principalement concentrés dans le cerveau. Lorsqu’ils sont stimulés par un cannabinoïde, en particulier le THC qui présente une affinité marquée avec le CB1, ces récepteurs peuvent influencer la douleur, la mémoire, la motricité, le sommeil, l’appétit et l’humeur.
  • Les récepteurs CB2, également répartis dans tout le corps, mais plus spécifiquement localisés dans les régions où le système immunitaire est actif, tels que la rate, le foie, le pancréas et la moelle osseuse.

Le CBD est l’un des cannabinoïdes considérés comme agonistes du CB2. Il peut ainsi réguler les réponses immunitaires, telles que la fièvre et la production de leucocytes, entre autres.

Il est important de souligner que ces explications sont simplifiées, mais malgré cette simplification, il est facile de comprendre pourquoi le CBD et les cannabinoïdes pourraient jouer un rôle crucial dans la recherche d’un traitement pour la sclérose en plaques.

Heureusement, de nombreux scientifiques partagent cet avis et ont dirigé leurs études vers cette théorie prometteuse…

Le CBD et le THC pour traiter les symptômes de la SEP

Action anti-inflammatoire du CBD

Selon plusieurs études, les récepteurs de type 2 permettent de réguler certaines réponses du système immunitaire, comme la migration des globules blancs dans le sang, lesquels provoquent la destruction de la myéline. Cependant, il est important de ne pas tirer des conclusions hâtives, car bien que les propriétés anti-inflammatoires du CBD soient soutenues par la science, on ne sait pas encore si cela permettrait effectivement d’enrayer le processus de démyélinisation.

Action analgésique du CBD

Dans plus de la moitié des cas, les patients atteints de sclérose en plaques ressentent des douleurs de nature neuropathique. Ces douleurs découlent de l’endommagement des fibres nerveuses, qui transmettent alors des signaux de douleur. Étant donné qu’elles n’ont pas de cause inflammatoire, les anti-inflammatoires n’ont aucun effet sur ce type de douleur. Il est nécessaire d’intervenir au niveau neurologique, comme le font les analgésiques. Selon certaines études, le THC aurait précisément la capacité d’inhiber ces douleurs en réagissant avec le récepteur CB1.

Il est important de souligner que ces observations sont basées sur des recherches en cours, et bien que prometteuses, des études plus approfondies sont nécessaires pour confirmer l’efficacité du CBD et du THC dans le traitement des symptômes de la sclérose en plaques.

Réduction de la spasticité

Dans plus de 80% des cas, les patients atteints de sclérose en plaques éprouvent de la « spasticité ».

La spasticité se caractérise par un étirement rapide d’un muscle, entraînant trop facilement sa contraction réflexe qui perdure pendant un certain temps. Fondamentalement, il s’agit d’un blocage musculaire qui rend la personne incapable d’effectuer un mouvement requis, comme la rétraction des membres inférieurs. La spasticité peut toucher un muscle spécifique, une zone particulière, voire l’ensemble du corps.

Actuellement, les médecins prescrivent des séances de kinésithérapie ou de physiothérapie, mais les bénéfices de ces approches sont souvent minimes. Toutefois, un traitement à base de CBD et de THC pourrait voir le jour, car plusieurs études ont déjà démontré que ces cannabinoïdes pourraient réduire la douleur, l’inflammation, la spasticité, et par conséquent, améliorer la mobilité.

Amélioration des conditions de vie

Bien que l’arrivée de nouveaux traitements améliore constamment les conditions de vie des personnes atteintes de sclérose en plaques, cette maladie reste handicapante. Comme nous l’avons vu, le système endocannabinoïde joue un rôle régulateur crucial, participant au maintien de l’équilibre dans notre organisme et donc à notre bien-être. La consommation de cannabinoïdes pourrait ainsi améliorer les conditions de vie des patients à plusieurs niveaux :

Amélioration de la qualité du sommeil : les cannabinoïdes font l’objet de plusieurs études dans le traitement de l’insomnie. Si ces études aboutissent, il serait possible de réduire la sensation de fatigue chez les malades.

Stimulation de l’appétit et soutien du fonctionnement des intestins : les personnes atteintes de sclérose en plaques souffrent fréquemment de troubles digestifs. Les cannabinoïdes pourraient contribuer à rétablir un transit normal et à restaurer le plaisir de bien manger.

Amélioration de l’humeur : la nature chronique de la sclérose en plaques, son évolution constante et la lourdeur des symptômes conduisent de nombreux patients à la dépression. De plus, en raison des atteintes aux connexions nerveuses, ils sont susceptibles de souffrir de « sautes d’humeur ». Les cannabinoïdes pourraient aider à rétablir leur équilibre émotionnel.

Le cannabis thérapeutique pourrait-il soigner la sclérose en plaques ?

Le CBD et le THC semblent pouvoir contribuer à réduire les symptômes associés à la sclérose en plaques. Cependant, peut-être peuvent-ils aller au-delà de cela ? Pourrait-on envisager qu’ils aident à guérir la sclérose en plaques ?

Cette idée n’est pas totalement farfelue, car des études ont montré que le système endocannabinoïde veille sur la santé du système nerveux, et que les cannabinoïdes ont un effet neuroprotecteur. Une étude sur des porcelets atteints de déficience neurologique a révélé que le récepteur CB2, réagissant avec le CBD, pouvait exercer une action neuroprotectrice. Le CBD pourrait ainsi :

  1. Prévenir la mort des neurones ;
  2. Réduire le stress oxydatif ;
  3. Diminuer l’inflammation.

Cependant, à ce stade, les recherches en sont encore à leurs débuts, et la patience est de mise.

Existe-t-il des médicaments à base de CBD pour traiter la sclérose en plaques ?

Sativex : seul traitement à base de CBD autorisé… ou pas !

Aux États-Unis, l’utilisation du cannabis thérapeutique est bien établie dans 25 États, offrant aux patients l’accès à des fleurs contenant à la fois du CBD et du THC pour profiter des effets des cannabinoïdes. Des comprimés formulés à partir de THC et de CBD synthétiques sont également disponibles pour ceux qui préfèrent éviter la fumée ou la vaporisation.

Cependant, en France, la situation est bien différente. Le cannabis thérapeutique autorisé ne contient pas de THC (ou en quantités très limitées, ne dépassant pas 0,2%), ce qui peut réduire légèrement son efficacité, car les cannabinoïdes semblent fonctionner mieux ensemble (effet d’entourage).

En France, un traitement formulé à base de THC et de CBD pour la sclérose en plaques existe sous le nom de Sativex. Bien qu’il ait obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) en 2014, il n’est pas disponible en pharmacie en raison de désaccords sur son prix.

Les différentes façons de consommer du CBD

Comme mentionné précédemment, en France, les fleurs de cannabis thérapeutique ne contiennent pas de THC, ce qui signifie qu’elles n’ont aucun effet psychotrope. Cela s’applique également à tous les produits élaborés à base de cannabis. Ces produits contiennent du CBD, parfois du CBN (un autre cannabinoïde), mais jamais plus de 0,2% de THC.

Quoi qu’il en soit, ces produits sont disponibles sous diverses formes, notamment sous forme d’huile, de gélule, d’aliments, de crèmes, et même de cristaux purs. De plus, des boutiques spécialisées ont ouvert dans toute la France.

Il est important de noter que si vous êtes atteint de sclérose en plaques et que vous souhaitez consommer du CBD, il est recommandé de demander l’avis de votre médecin au préalable. De plus, commencez toujours par des doses faibles et augmentez-les si nécessaire, car les réactions au CBD peuvent varier d’une personne à l’autre.

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